(Mesures à 4 temps)
Ce soir, mon fils prend ses 15 ans
Sans que j'aie su garder le temps
De lui offrir la moindre au mône
D'un court instant à ce grand môme
J'ai dit grand môme et je re grette
Devant le regard qu'il me jette
C'est vrai qu'il n'a plus rien d'en fant
Peut-on vivre vieux à 15 ans ?
J'avoue ignorer ses passions,
Ses tourments ou ses ambitions
Tant ses propos me déconcertent
Trop souvent, je tourne la tête
Sous un couvert de dignité,
Je puisais mon autorité
Dans mes préceptes de raison,
Jamais dans la compréhension
Je me souviens qu'à sa naissance,
Dans un élan d'exubérance,
J'accumulais discours et phrases
Mais, hélas, depuis on se croise
Je n'ai jamais trouvé le temps
Dans mon jeu d'adulte important
De m'inquiéter de mes promesses
De répondre à ses S.O.S
Moi, j'ai éclos dans la tourmente
Ou dans l'choix des années cinquante
Du Rock and roll à perdre haleine,
Du coca, du blues de Harlem
Mon univers de plexiglas,
Pour lui, se hérisse de menace
Et de m'expliquer que le sol
Vaut pour l'humus, dont le pétrole
Un coup capable de s'éprendre
D'un Refrain d'une chanson tendre
L'instant d'après, sans transition,
D'agiter sa révolution
Il croit au futur sans fascistes
A l'amour, la paix sans racistes
A-t-il vraiment les yeux ouverts ?
Suis-je un vieux con ? Faut-il me taire ?
En moins d'une poignée d'années,
Impatient de sa liberté
Il franchira, d'un coup, le seuil
Pour compter ses propres écueils
C'est vrai que, malgré mon orgueil,
Je me sentirai aussi seul
Que lui durant ce long voyage
15 ans d'absence ou de dressage
Ce soir, mon fils prend ses 15 ans
Sans que j'aie su garder le temps
De lui offrir la moindre aumône
D'un court instant à ce grand môme
J'ai dit grand môme et je regrette
Malgré le regard qu'il me jette
De ne plus paraitre un enfant
Mon fils est-il mort à 15 ans ?
Mon fils est-il mort à 15 ans ?
