Voir il faut voir sais-tu voir
Ce qui compte c'est de voir
Les sai sons les pauvres gens
Les vêt'ments portés trop long temps
Voir il faut voir sais-tu voir
Les bon jours de l'hab itude
Les bai sers de lassi tude
Les sou rires de jour de paye
La pi lule du sommeil,
La gi tane du réveil
Les mains qui vont t'applaudir
La bouch'qui v a te trah ir
Voir il faut voir sais-tu voir
Quel est l'plus grand désespoir
De ceux qui ramp'nt à Pretoria
Ou d'ceux qui chant'nt a Bahia
Voir il faut voir sais-tu voir
Le clochard quand il grelotte
Le financier qui sanglote
Le soldat mourant de peur
Et le mépris d'une foule
Pour le champion qui s'écroule
Et le regard d'épagneul
Du vieillard qui reste seul
Voir il faut voir sais-tu voir
La fleur séchée dans l'armoire
Les adieux les quais les gares
Quand les amours se disloquent
Voir il faut voir sais-tu voir
Le chômeur ancien taulard
Qui sera partout tricard
Et le destin dérisoire
Du vieux travelo sans espoir
De la fille sur son trottoir
Et du type qu'on a fait boire
Et qui fait rire tout l'monde
Voir il faut voir sais-tu voir
Les dents blanche des présidents
Leur sourire à cran d'arrêt
Quand ils se partagent le monde
Voir il faut voir sais-tu voir
Un général qui rigole
Une bombe sur l'école
Les enfants de Bénarès
Qui ont les yeux en ouvre-boîtes
Pleins de mouches et de questions
A l'univers qui regrette
Mais qui n'a pas d'solution
Voir il faut voir sais-tu voir
Dans ces jardins de brouillard
La statue de Bolivar
Sur la pelouse interdite
Voir il faut voir sais-tu voir
Si on confond quelque part
Les landaus avec les chars
Le bon Dieu et le dollar
Bien que ceux qui font l'histoire
Aient toujours cousu leur bouch'
Il faut voir dans quel mouchoir
La vérité se mouche
Voir il faut voir sais-tu voir
Ce qui compte c'est de voir