Tu vois comme le ciel est sombre ?
Et tu vois comme s'allonge ton ombre ?
Le grand nuage que voil à, et bien, tu vois : il attend ra
Car il a fait sa part du bou lot pour une petite part du gâ teau
Il traîne la patte sur son chemin, le bâton à la main
L'homme au canif bien a ffuté pour partager le pain
Est toujours un peu fati gué mais il dormira mieux demain
Sans parler de grasse mati née, et ni de vacances au som meil
Ils n'auront pas sa digni té, lui, tant qu'il veille
Tu vois comme le ciel est sombre ?
Et tu vois comme s'allo nge ton ombre ?
Le grand nuage que voil à, et bien, tu vois : il attend ra
Que lui finisse son as siette, elle qui les mains à la cui sine
A la cuisine toujours prête, le cœur au ré gime
Il a vu dans ses yeux mar rons que c'était la femme de sa mort
La maman de son grand garçon, il a pas eu tort
Devoir de femme ou marque d'affec tion, quand le goût de se verser la goutte s'ef face,
C'est la vie droite comme deux sil lons pour seule trace
Tu vois comme le ciel est sombre ?
Et tu vois comme s'allonge ton ombre ?
Le grand nuage que voil à, et bien, tu vois : il attend ra
Qu'on brûle le grand ceri sier pour passer le dernier dé cembre
Tous ces après-midis d'é té, réduits en cendre
Et même s'il lui manqu e des dents, il a le sourire vrai
Il a le verbe juste quand il ne se tait
L'homme qui pisse le nez au ciel, quand d'autres regardent leurs pieds
Et comme la vie peut être belle quand elle s'y met
Si sa langue s'endort douce ment, sa tête s'éveille au pa ssé
Ses pas ré trécissent tant et tant que l'homme se tait
Tu vois comme le ciel est sombre ?
Et tu vois comme s'allo nge ton ombre ?
Le grand nuage que voil à, et bien, tu vois : il attendra
Oh, la vie ne sait pas dire merci, il a com pris, tant pis
Il a regardé en arrière, comme d'habi tude, sans avoir l'air
(Ad. lib.)