Ce soir j'étale sur la table
les phot os de nos jeunes an nées
pour mieux revoir dans les annales,
notre v ie sur papier glacé
Les vents d'hiver poussent la porte
en ce j our j'ai peur du f roid
peur des frimas en quelque sorte
et peur du vide autour de moi
et peur du v ide autour de moi
Pour tant 'faut vi vre' dit le po ète
il f aut bien t raîner son pas sé
refleuriront les soirs de fêtes
et dans le bois les blancs muguets
Pour tant faut vivre dit le po ète
Et même l'odeur si détestable
des mégots dans le cendrier
j'aimerais tant c'est incroyable
pouvoir encor' la respirer
Je relisais 'les fleurs du mal'
quand l'infirmière m'a appelé,
j'ai vu des couleurs hivernales,
et ta blancheur sur l'oreiller
et ta blancheur sur l'oreiller
Pourtant 'faut vivre' dit le poète
il faut bien traîner son passé
refleuriront des soirs de fêtes
et dans les bois le blanc muguet
Pourtant 'faut vivre' dit le poète
Devant un vieil arbre prophète
au tronc tordu et cabossé,
parfois un homme âgé s'arrête
et prend le temps de méditer
et prend le temps de méditer...