Ce matin, en m e rév eillant
Je me suis senti différent
Un petit rien a u fond de moi
Quelq ue chos e qui n'al lait pas
Une grosseur sur la p oitrine
Prot ubéran ce clan destine
Pl us une angoisse au creu x du ventre
Un ma laise qui se concentre
Mes enfants m'appellent "maman"
Comm'si y'avait rien d'étonnant
Leur mère me dit : « Ma chérie
J'ai l'impression que tu as grossi »
Dites-moi donc ce qui se passe
Quelqu'un veut me faire une farce
Hier, quand je me suis mis au lit
C'était moi qui étais le mari
Oh, quelle his toire !
Vous n' allez pas me croire
Mais par un sort infâme
Je suis devenu -- u ne femme
/ / / /
La première stupeur passée
Je finis par m'habituer
A de nouvelles sensations
Et à d'étranges émotions
La vie me parait plus facile
Et les hommes, des imbéciles
Un p'tit sourire au bon moment
Ils me couvrent de compliments
Comment vais-je pouvoir m'habiller ?
Je ne suis pas habitué
Le soutien-gorge est trop serré
Le string, je ne pourrai jamais
Les talons me font vaciller
Ça m'oblige à me tortiller
Je sens bien le regard des hommes
Comme des plumes sur mes formes
Oh, quelle histoire !
Vous n'allez pas me croire
Je découvre les charmes
D'être devenu - une femme
Je vais me faire tirer les seins
Et me raser le bas des reins
Même si je trouve ridicule
Cette obsession du follicule
Autant que je sois belle à voir
Comme celles que je rêvais d'avoir
Quand j'étais homme invétéré
Amateur de jolis fessiers
Mis à part la problématique
Du point de vue anatomique
J'ai découvert au fond de moi
Des pouvoirs que je n'avais pas
Je devine les intentions
Je perçois mieux les pulsations
Sans parler, je comprends les choses
Et je transforme en vers la prose
Oh, quelle histoire !
Vous n'allez pas me croire
J'ai découvert le sésame
Pour ouvrir le coeur -- d'une femme
Ce matin en me réveillant
Je me suis trouvée différente
Comme une gène à l'entrejambe
Ma petite maison qui flambe
Un peu de poil sur la figure
Me transforme la devanture
Plus une raideur au bas des reins
Et cette angoisse qui m'étreint
Coda :
Oh, quelle histoire !
Vous n'allez pas me croire
Ce matin, en croquant la pomme
J'étais redevenue -- un homme.