Je suis la gardienne d'un fleuve
J'en apprivoise les c ontours
C'est à ses flancs que je m'a breuve
Que j'embellis un peu mes jours
Je suis la gardienne d'un fleuve
Qui d ans mes bras s'est en dormi
S'il est des sommeils qui é meuvent
Il en est qui nous blessent aus si
Car s'il m'échappe dans ses rêves
Il m'échappe aussi dans la vie
Dès qu'il s'éveille et qu'il se lève
Je sais qu'il est déjà par ti
Car si dans mes bras il dé borde
S'il met souvent a mal ses digues
Le soir c'est une autre qui le borde
Ignorant tout de ses f atigues
Je suis la gardienne d'un fleuve
J'en apaise un peu les tourments
Je prends ma part de ses épreuves
De tout mon amour et pourtant
Pourtant je ne suis que la barge
Qui le repose et le soulage
Jamais je n'verrais le grand large
Jamais je n'serais du voyage
Je ne suis là que pour la drague
Que pour la tourbe et le limon
Je ne porterais pas la bague
Et ne céderais jamais mon nom
Je suis la maîtresse d'un fleuve
Et si j'en goûte les remouds
Si nos amours toujours sont neuves
Je n'en connais qu'un avant goût
Celui qui fait tourner nos têtes
Et nous fait chavirer parfois
Jusqu'à l'ultime cigarette
Au seuil du je rentre chez moi
Je suis la gardienne d'un fleuve
Mais qui pourrait me jalouser
J'en suis l'amante aussi la veuve
C'est là tout le prix a payer
A ne jamais vouloir de preuve
A vivre l'amour au comptant
On regarde couler des fleuves
On se nourrit de sédiment