Salut à tous,
Allez ! Je vais vous raconter un petit bout de ma vie :
Tous les soirs, avant de m’endormir, j’écoute, dans le noir (afin que, de tous mes sens, seule l’ouïe soit en éveil), sur mon Ipad, un programme de musique aléatoire sur le site
Chante France ; on peut y choisir sa catégorie : années 60, années 70, années 80, les plus belles chansons, chansons Emotion et même des comptines pour les enfants.
Mon oreille a été attirée, hier soir, par une chanteuse s’accompagnant au piano, dont le nom m’était inconnu. Elle interprétait une chanson qui, tant par ses qualités poétiques que par sa composition faite de brutales modulations, m’a fait penser : « Voila la nouvelle Barbara ! ».
Intrigué, j’ai fait une petite recherche sur Internet pour m’apercevoir qu’elle avait été une candidate de « The voice » (
Angelina Wismes) et que la chanson était, en fait, une chanson de
Barbara de 1969, que je ne connaissais pas («
Mon enfance »). Tout s’expliquait ! Comme elle ne figure pas sur la B.A.C, je vous en livre les accords.
Mais rien ne vaut la version de la chanteuse d’origine, qui revit ces paroles autobiographiques d'une manière plus authentique.
http://www.boiteachansons.net/Partitions/Barbara/Mon-enfance.php?ref=accueilDans cette chanson, Barbara utilise ce qui deviendra sa marque de fabrique : des ruptures brutales de tonalité. C’est inattendu, mais plaisant à l’oreille. Pour cela, elle utilise une note commune entre deux accords, qui sert de pivot vers la nouvelle tonalité.
Ici, par exemple, elle se sert de la note Do , commune, lors de la première modulation, aux accords de C et de Fm7, pour passer de la tonalité de F à celle de Ab, puis tout autant, lors de la seconde modulation, de la note Do, commune aux accords de Abmaj7 et de Am7, pour passer de la tonalité Ab à celle de C.
Pour revenir à la tonalité initiale de F, elle utilise un simple glissement d’accord, de E à F.
http://www.youtube.com/watch?v=VQ7MxTBUZnE Barbarahttp://www.youtube.com/watch?v=hC4jKR_c8tI Angelina WismesToutes les chansons de Barbara véhiculent une charge émotionnelle considérable, bien mise en valeur par sa voix qui se brise parfois et son interprétation glacée, bien qu’expressionniste. Il est difficile de rester insensible à leur écoute.
« Mon enfance » est particulièrement poignante pour qui connaît la biographie de
Barbara. Bien avant que la guerre n'éclate, sa jeunesse de petite fille juive est marquée par des déménagements successifs, qui redoubleront, bien entendu, sous l’occupation nazie pour fuir la chasse faite aux Juifs par le gouvernement de Vichy. S’y ajouteront les séparations familiales pour déjouer les dénonciations des voisins. Â l'âge de dix ans et demi, réfugiée à Tarbes, Barbara aura à supporter le comportement incestueux de son père, qui, du fait de la promiscuité hôtelière liée à la situation, abusera d’elle. Sa jeunesse bascule soudain « dans l'horreur » d'où personne, pas même sa mère, ne tentera de la sauver. Son père, qu’elle adorait, recommence plusieurs fois ; en réaction, elle multiplie les fugues. En vain ! Un jour, en Bretagne, n'en pouvant plus, elle se précipite à la gendarmerie, où son père vient la chercher et laisse entendre qu'elle affabule. L'affaire est classée (source Wikipédia). Elle refusera d'évoquer le drame en public, sauf dans ses Mémoires et, sous une forme symbolique, dans «
L’aigle noir ». Elle lui pardonnera sur son lit de mort («
Il pleut sur Nantes »).
Il lui en restera des séquelles à vie, avec un dégoût de son corps souillé : il est dit que, durant son séjour belge, avant que son talent n’éclate, elle connaîtra, pour survivre, une vie de petite vertu.
Cordialement,
Tonerb