les Quat'z'Arts

Démarré par Tonerb, Juin 22, 2013, 02:57:36 PM

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Tonerb

Salut,

Philubi vient de déposer la chanson de Brassens « les Quat'z'Arts », dont le terme est sûrement inconnu, de nos jours, de beaucoup de personnes.

Sous le terme des Quat'z'Arts, ou plus exactement du « bal des Quat'z'Arts", on désignait  une manifestation publique qui se tenait traditionnellement à Paris dans les rues, au printemps.
Il s'agissait d'un bal-défilé, où toutes les licences étaient permises (une sorte de Carnaval parisien, comme au Moyen-âge ou, si l'on veut, une gay pride avant la lettre, mais sans le côté sexuel militant), "Z'Arts" faisant référence au organisateurs, qui se trouvaient être les étudiants des Beaux-Arts (vite secondés, il est vrai, par les carabins/étudiants de médecine, dont la faculté était proche de la leur dans le quartier latin de Paris, et qui mimaient des enterrements).
Le bal des Quat'z'Arts a été interdit par la Préfecture dans les années cinquante, eu égard aux "troubles à l'ordre public" qu'il représentait (il faut dire qu'on y voyait souvent des tenues extravagantes, voire manquantes...).

Cette chanson, qui se voudrait ironique et faussement joyeuse et qui apparaît finalement comme une de ses plus émouvantes, traite, par un quiproquo, du décès de la mère de Brassens. Pudique, il masque élégamment son énorme chagrin et la gravité de la situation derrière cette blague de potaches.
Et même, si dans les chansons de Brassens, les cimetières et les funérailles (Le fossoyeur, Pauvre Martin, Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Trompe la Mort, etc.) ne sont jamais loin, il en est différemment ici. Après le décès de sa mère, en 1962, Brassens note que le temps des « vrais enterrements » vient de commencer. Désormais, la camarde fauche les proches. Finies, la rigolade et l'insouciance : « Au grand bal des quat'z'arts, nous n'irons plus danser » écrit-il.
(Propos inspirés de « analysebrassens.com »)

http://www.boiteachansons.net/Partitions/Georges-Brassens/Les-quat-zarts.php?ref=accueil

Tonerb

philubi

#1
Merci Tonerb,

Pour tous les amoureux de Brassens, et/ou de la langue françqise et de la poésie en général, je ne peux, en effet, que recommander de parcourir ce site "analyse.brassens".

Les références littéraires, les clins d'oeil, les jeux de mots sont légion chez tonton Georges, et c'est un vrai bonheur que de compléter la recherche de ces références via ce site (participatif, qui plus est... alors à vos plumes).
Tu cites quelques-uns des textes où Brassens traite le thème (central dans son oeuvre) de la mort, des cimetières et des funérailles (il adorait les enterrements, cf Les funérailles d'antan !). Le plus important sans doute pour comprendre le "rapport" qu'il avait à la mort est "Oncle Archibald", où il en traite, comme souvent, avec une approche philosophique qui lui est très personnelle, sous des dehors, là aussi, de légèreté.
N'oublions pas Le vieux Léon, le Testament ou encore Pensée des morts où il met en musique un poème de Lamartine...
Il y a tant à dire et à s'émerveiller à la lecture ou l'écoute des textes de cet humble artisan de la chanson.

Et musicalement, on est loin de l'Anatole (la plupart du temps, en tous cas), même si, s'arrêtant à une fausse première impression, d'aucunes "oreilles de lavabo" (dixit Fallet) jugaient les musiques de Brassens pauvres musicalement, confondant sans doute accompagnement (rythme, guitare(s) et contrebasse - ah Pierre Nicolas -) et mélodie... Non, les mélodies de Brassens ne sont pas simples ni uniformes, et ses chansons pas si aisées à interpréter... On est loin (il suffit de jeter un oeil aux grilles d'accords) des mélodies minimalistes que tu déplores (et je te rejoins là-dessus... quitte à passer pour un vieux réac !) dans la "chanson française" actuelle.

Philubi

Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint
Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins

Tonerb

#2
Salut Philubi,

Oh! Que non! Les chansons de Georges Brassens ne sont pas simplistes du point de vue musical , avec, au contraire, des grilles d'accords très originales et personnelles et des modulations nombreuses. Ce sont les personnes non musiciennes qui trouvent que ses chansons se ressemblent toutes, parce qu'effectivement l'orchestration est volontairement minimaliste et que le rythme de la tarentelle italienne (goût qui lui venait de sa mère) est souvent présent. Que tous les pseudo compositeurs actuels se plongent dans son oeuvre pour en retirer des leçons d'harmonie et de composition! Cela nous changera des anatoles, même si Trenet avec "La mer" en a extrait le summum.
Quant aux textes? Comment ne pas être admiratif devant cet autodidacte, qui a su faire autant référence à la littérature et à la mythologie tant grecque que romaine!
Que nos prosateurs actuels en prennent graine!

N'hésite pas à prolonger sur ce forum, par des anecdotes, des explications, certaines des chansons que tu déposes! C'est ainsi que le lecteur se cultive.
Cordialement,
Tonerb