Intro :
Elle se laisse cueillir au comp toir
Comm'un vieux bouquet de cirr hose,
Qu'on arr ose, soir après s oir,
Pour que ses fleurs du mal éc losent...
Elle trin que pour un oui, pour un rien,
Pour la sant é, pour quelques rides...
Vous sur prend jusque dans vos mains
Dans un trembl ement vitric ide...
L'i vresse. ..
Elle s'arrime de vers en vers
A la chanson du temps qui passe,
Puis, se reboit le der des ders
Avant que la voix ne se casse...
Elle tient table ouverte, parfois,
A la mémoire de quelques-unes
Que vous claquiez entre vos doigts
A l'époque du temps des thunes...
L'ivresse...
Elle vous racole au coin d'un bar
Pire qu'une putain en peine de corps ;
Puis, vous traîne jusqu'à très tard
Les paupières pleines à ras bord...
Elle chaloupe de table en table
Comm'un mat'lot en mal de mer,
Dans un roulis de tous les diables,
A vous vomir la terre entière...
Elle dégringole sans crier gare
Du tabouret de vos nuits blanches,
Pour ces caniveaux d'après boire
Qu'on salue d'un revers de manche...
Elle vous recrache vos vingt piges
Tous les matins dans votre glace,
Vingt berges de verres en vertiges,
Ça fait de foutus face à face...
L'ivresse...
Elle vous arrache un dernier rire
Avant que tombe le rideau,
Dans un bistrot triste à mourir
Où elle fait jamais de vieux os...
elle se laisse cueillir au comptoir
Entre chrysanthème et cirrhose
Qu'on arrose soir après soir,
Pour que ses fleurs du mal éclosent...