Je suis jean qui guette, / Chante ur et siff leur,
Qui serait poète / S'il n'était voleur ,
Et qui serait morne / S'il ne trouvait pa s
Au coin de la b orne / Ses quat re repa s
J'ai la mine haute / Et l e nez en fleur
De la pentecôte / À la chandeleur .
Je rôde, je marche ; / J 'ai pour toit le ciel,
Pour alcôve une ar che / Du pont Saint-Mic hel.
Ah! c'est toi, vieux singe! / Disent les cathos
Qui battent leur linge / Au bord des bateaux,
Drôlesses ingambes, / Et que j'aime à voir
Se laver les jambes / En chantant le soir
J'ai près d'une belle / Respect et bon ton ;
Je lui dis mamselle ; / Ça flatte Goton.
Quand j'ai d'aventure / Fait quelque bon coup,
J'en mène en voiture / Quelqu'une à Saint-Cloud.
J'invite à ma table, / Pour un fin soupé,
La plus respectable, / Une franche P.
Les sergents de ville, / Valets du plus fort,
Ont l'âme si vile / Qu'ils me font du tort.
Sous la raison basse / Que j'ai pris parfois
Leur bourse qui passe / A d'affreux bourgeois,
On vient, on saccage / Mon lit de roseau,
On me met en cage / Comme un pauvre oiseau.
(Instrumental)
J'échappe, et me tire ; / Mais c'est ennuyeux,
Pour moi qui respire / Tout le vent des cieux !
Cela me dérange. / Des fois j'ai logé
Sous le pont-au-change ; / J'ai déménagé.
J'ai plus d'une issue. / Ma vie est ainsi
Toute décousue, / Ma culotte aussi
Ah ! les temps sont rudes ! / Souvent on a faim
Les filles sont prudes, / La jeunesse enfin
N'a plus, que c'est bête ! / Le moindre oripeau,
Ni joie en la tête, / Ni plume au chapeau.
Je suis pour tout dire, / Un garçon railleur,
Moins mauvais qu'un pire, / Moins bon qu'un meilleur.
Je ris comme un coffre, / Je bois comme un trou.
O Satan je m'offre / A toi pour un sou
Je ris comme un coffre, / Je bois comme un trou.
O Satan je m'offre / A toi pour un sou !