Ça naît un beau s oir sur la Butte
Ça grand it on n's ait pas com ment
Et de cab rioles en cul butes
Ça t ombe dans les b ras d'un a mant.
Un joy eux petit g ars de Montm ertre
Pour deux r onds de frites, un beau j our
L'ini tie aux jo ies de l'am our
Place du Te-er tre.
Comme on n'peut pas vivre sans galette
Un jour qu'on n'a rien à briffer
On s'en va vendre des violettes
A la terrasse des grands cafés.
La frimousse est plutôt pas mal
Et tente le pinceau d'un rupin
Alors, on pose les "Diane au bain"
Place Piga-alle.
La peinture, c'est beau mais c'est triste
Et ça manque un peu d'essentiel
Faut pas compter sur un artiste
Pour se meubler chez Dufayel.
On a d'la poitrine et des hanches
On sait qu'on est bien roulée, qu'on plaît
Alors, sur le coup d'minuit on s'fait
La place Blan-anche.
Puis pour un nom à particule
On change le sien, trop roturier
On s'flanque une couronne majuscule
Sur son bicéphale armorié.
On s'appelle Gisèle de Brantôme
Ou Sophie de Pont-à-Mousson.
Et on arbore son écusson
Place du Vendô-ôme.
Mais ça n'dure qu'le temps d'un caprice
Paris, inconstant, s'est lassé
Passant à d'autres exercices
Délaissant le joujou brisé.
On d'vient "la fée au maillot jaune"
Qu'admirent sur les tréteaux forains
Les artilleurs du fort voisin
Place du Trô-ône.
Puis, c'est la débauche, c'est la boue
L'amour, ah ! quel métier d'enfer !
Et le dernier acte se joue
La nuit, sur un trottoir désert.
Dans les fumées glacées de l'aube
Comme on ramasse un chien mort
On l'a r'trouvée sur le pavé
D'la place Mau-aube.