Tu pensais l'avoir enfin trouvé
L'ange, l'âme sœur de tes mornes plaines
Elle ne risquait pas de s'envoler
Ancrée comme toi en quarantaine
Son visage arborait un sourire
Pour être plus précis son visage
Était l'allégorie d'un plaisir
Extatique, voguant sur les nuages
Ses yeux miroitaient ton idéal
D'amour, décochaient des traits de feu
Ses mains étaient douces jusqu'à l'acerbe
Griffes striant ton cœur aventureux
Incontestablement tu vivais
Le Grand siècle sensible et frivole
Les chênes se substituaient aux cyprès
L'ombrage veillait sur la farandole
Sous les tonnelles vos suaves ivresses
Confondaient Dyonisos et Kama
Les heures abolies par les caresses
Oubliaient l'oubli des moments las
Le lourd tribut payé par vos âmes
Mortifiées dans des itinéraires
Fébriles, perclus d'ineffables drames
Se soldait par la plus tendre affaire
La convergence semblait assurée
Jusqu'au jour où elle ne le fut plus
Où était la réciprocité
La sortie dans une voie sans issue
L'alter ego était un vampire
Une ombre se repaissant de lumière
Tu pensais avoir vécu le pire
Sous le meilleur nichait une pierre
Vacuité et ennui sont les nimbes
Gris noirs d'une infertile existence
Ils mènent à l'abîme ceux qui regimbent
Face à l'élévation et au sens
En toi, il voyait un beau miroir
Un reflet de ce qu'il n'était pas
Narcisse en quête de faire-valoir
Ou bottes veules emboîtant ton pas
Tu étais yang, le plein, le convexe
Il était yin, le creux, le concave
Dans ton cœur il enfonça l'apex
De ses crocs, mettant fin au conclave
