Chère amie, nous nous sommes aimés
D'un sentiment beau, partagé
L'attraction fut irrépressible
L'aimant puissant et invisible
En y pensant avec recul
Tout devient clair de cette bulle
Ce ne furent pas nos points forts
Qui se firent écho dans nos fors
Les failles de nos enfances lointaines
Des non-dits, des peurs et des haines
Se reconnurent, se connectèrent
Comme d'évidents complémentaires
Tu fus fantomatique enfant
Symptomatique effacement
Que je ne fus qu'à mon insu
Et dont je prévins les abus
Nature fut pour nous un refuge
Un doux, consolant subterfuge
Nous différions par nos prisons
Nos boulets et nos filiations
La tienne était dorée et fraîche
La mienne était brûlante mais rêche
Tu t'allongeais dans les narcisses
Le confort bourgeois et ses vices
Je visais les hauteurs rocheuses
Toute perspective lumineuse
Tu étouffais dans les ténèbres
Tes carences et tes doutes funèbres
Les émotions étaient proscrites
Ton affirmation contredite
Ceux qui devaient te faire grandir
Firent de toi un être de cire
En moi tu aimas la richesse
Dont tu ne fus qu'une promesse
Tu parais, tu fuis et tu souffres
De ne pouvoir t'extraire du gouffre
Tu existes par l'extérieur
Envies mon palais intérieur
Les fleurs qui t'entourent sont toxiques
Mais tu en aimes l'esthétique
Tu te calques sur un modèle
Il te nuit mais tu y es fidèle
C'est l'expédient que tu connais
Pour vivre encore avec tes plaies
Tu tailles et rabaisses tes proches
Reproduis un snobisme très moche
C'est ta façon de compenser
Faute de pouvoir t'affirmer
Sache qu'à ton corps défendant
L'oïdium s'invite dans ton champ
Ainsi que les mauvaises herbes
Dans tes tristes failles acerbes
Impossible était notre amour
Distincts sont la nuit et le jour
Sauf au singulier crépuscule
Chien... loup... avant que Coeur bascule...
Le hasard n'est que l'inconnue
De l'équation qui nous gouverne
D'une destinée impromptue
Où tout' variable nous concerne
Si tu crois en une autre vie
Celle qui gît au-d'la du trépas
Nous nous reverrons en amis
Mais nous resterons chien et chat
