Intro :
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M onsieur Pedro R amirès
L e grand lanceur d e couteaux
F ait encore son n uméro
M ême s'il a la v ue qui baisse
O n ne le voit j amais sans
D olorès, un e merveille
A la crinièr e vermeille
A u costume aff riola nt
Depuis t ant et tant d'ann ées
Qu'ils font t ous les cabar ets
De Par is, du monde ent ier
Partout i ls sont admir és
Faut dire q u'il était hab ile
Pour env oyer ses cout eaux
Qui just e frôlaient la p eau
De son a djointe grac ile
F aut dire qu'elle ét ait vaillante
R egardant sans t remblement
L es couteaux et s on amant
S uperbement a rrogante
M ais le lanceur d e couteaux
M onsieur Pedro R amirès
N 'est plus de prim e jeunesse
I l est deven u mir o
Dolor ès, sa parten aire
Aimer ait mieux qu'il arr ête
Vu qu'il a ses points ret raite
Mais il n 'y a rien à f aire
Sa vie, M onsieur Ramir ès,
C'est le p ublic, les brav os
Les théâ tres, les trét eaux
La scèn e, sa seule ad resse
« I l serait bien p lus prudent,
M onsieur Pedro R amirès »
L ui conseille D olorès,
« D 'arrêter tant q u'il est temps
I l y a autre c hose à faire
Q ue de lancer d es couteaux :
L es mots fléchés, l e vélo,
L a belote, l 'adult ère
Le golf o u le macram é
Le jard in, la poés ie,
L'amour, l a philatél ie
Seraient u n peu moins risq ués ;
Allons, M onsieur Ramir ès,
Pensez-v ous qu'il est très s age
De s'ac harner à votre â ge ? »
« Taisez-v ous donc, Dolor ès !»
C ar ce que veut R amirès,
T êtu comme un b ourricot,
C 'est lancer tous s es couteaux
M ême s'il a la v ue qui baisse
C 'est comme ça que t ous les soirs
D olorès perd u n orteil,
U n oeil, un nez, u ne oreille
C e n'est pas j oli à v oir
Pauvre, p auvre Dolor ès,
Le pub lic est stupéf ait
Quand il v oit son sang gic ler
Mais app laudit la proue sse
Ce s erait pourtant fac ile
De dir e « Monsieur Ped ro,
Stoppez n et ce numér o
Qui la b lesse et la mut ile !»
M ais personne n e conteste
L 'art de Pedro R amirès
P ersonne ne f ait que cesse
S on acharnem ent funeste,
U n beau soir, il a visé
D ans le coeur de D olorès,
C onfondante m aladresse,
L 'aorte a ét é touc hée
Quand, au m oment des sal uts
Elle est r estée allong ée,
Sans êt re très étonn é
Ramir ès était déç u ;
Il a d it, l'air impass ible,
Que trouv er du personn el
Un peu s erviable et fid èle,
C'est dev enu imposs ible
S i jamais vous connaisse z
Une fille un peu jolie
Qui, d'un emploi, a envie
Je peux la lui présent er
Sa vie, M onsieur Ramir ès,
C'est le p ublic, les brav os
Les théâ tres, les trét eaux
La scèn e, sa seule ad resse... (x3)